Addictions
L’e-cigarette : amie ou ennemie ?

L’e-cigarette connaît ces dernières années un succès grandissant. Comment marche l’e-cigarette ? Est-elle dangereuse pour la santé ? A l’heure où le tabac provoque près de 73 000 décès par an en France, ce nouveau procédé peut-il être un moyen d’arrêter ou de diminuer ce problème de santé publique ? Réponse…

e-cigarette

Qu’est-ce qu’une e-cigarette ?

Une e-cigarette se compose de quatre parties dans une enveloppe en plastique ou en métal :

  • une pile ou une batterie « basse tension » rechargeable ;
  • une cartouche d’e-liquide qui peut être aromatisé et/ou contenir de la nicotine ;
  • un atomiseur, constitué d’une résistance chauffante, qui transforme l’e-liquide en brouillard de fines particules pour imiter la fumée (souvent intégré dans la cartouche) ;
  • une micro-valve ou contacteur pour déclencher la création de l’aérosol.

L’e-cigarette peut être à usage unique, donc jetable, ou rechargeable.
Aujourd’hui en France, l’e-cigarette est considérée comme un produit de consommation courante ordinaire car elle ne revendique pas d’effet bénéfique pour la santé et qu’elle contient moins de 10 mg de nicotine (avec une concentration inférieure à 20 mg/ml). Au-delà, elle serait considérée comme un médicament et devrait être exclusivement vendue en pharmacie.
L’e-cigarette est vendue sur Internet, dans des boutiques spécialisées, chez les buralistes et dans certaines pharmacies (bien qu’elles n’y soient pas autorisées !). Une loi visant l’interdiction de leur vente aux mineurs a été votée le 27 juin 2013 à l’Assemblée nationale.

Comment marche une e-cigarette ?

Lorsque l’utilisateur inspire au niveau de l’embout de l’e-cigarette, cela déclenche le processus :

  • la pile chauffe la résistance ;
  • le filament monte alors à une température de 50 à 250°C et provoque la transformation du liquide en gaz ;
  • le gaz se refroidit pour former de fines gouttelettes : un aérosol ;
  • l’aérosol, inhalé par l’utilisateur, va frapper l’arrière-gorge avant d’être absorbé par les voies respiratoires.

Fumée, vapeur ou aérosol ?
Le produit qui s’échappe d’une e-cigarette n’est pas de la « fumée » car il ne contient pas de particules et ne répond pas non plus à la définition du mot « vapeur » (gaz obtenu par évaporation d’un liquide, ou gouttelettes d’eau).
L’e-cigarette produit un « aérosol », c’est-à-dire la « dispersion en particules très fines d’un liquide […] dans un gaz ».

Que contiennent les e-liquides ?

Ils contiennent tous :

  • du propylène glycol (PG) et/ou de la glycérine végétale (GV), dite aussi glycérol. Ce sont des produits utilisés pour produire un effet de fumée (le propylène glycol est d’ailleurs utilisé pour faire de la fausse fumée au cinéma, dans les concerts ou les night-clubs !). Ce sont également des exhausteurs d’arômes.
    Le glycérol est plus efficace pour produire de la vapeur, mais c’est un exhausteur d’arôme beaucoup moins puissant que le propylène glycol.
    Le plus souvent, les deux produits sont mélangés à une proportion de 80-20 % ou 70-30 %.
  • des arômes (goût de tabac, fruits, menthe, cola, réglisse, vanille, thé vert, chocolat…) et/ou des colorants.

Certains peuvent contenir :

  • de la nicotine (dans plus de 95 % des cas). Légalement, chaque cartouche ne peut pas contenir plus de 10 mg de nicotine ;
  • de l’acétine (monacetate de glyceryl) et de la diacétine (diacetate de glyceryl), qui sont des solvants et exhausteurs de goût ;
  • de l’ambrox, un exhausteur de goût.

Il est déconseillé d’essayer de créer ou de modifier soi-même les e-liquides, particulièrement dans les premières utilisations de l’e-cigarette.

Que contient l’aérosol produit par une e-cigarette ?

L’aérosol produit par l’e-cigarette est composé, à plus de 85 %, de glycérol ou propylène glycol et de 0 à 2 % de nicotine.
La réelle nocivité de l’aérosol est sujette à débat : selon un rapport de 2013 de l’OFT (Office français de prévention du tabagisme), la majorité des polluants suspects ne seraient pas détectables dans l’aérosol ou le seraient à des concentrations bien moindres que dans la fumée de cigarette. L’OFT avance également que « quelques traces de produits cancérogènes à des concentrations très faibles, du même ordre de grandeur que celles trouvées dans les substituts nicotiniques existent dans les e-liquides, mais [que] ces concentrations sont sans signification clinique ». Il en conclut que la « e-cigarette n’a pas de potentiel cancérogène contrairement à la fumée du tabac ».
Cependant, la revue « 60 millions de consommateurs », dans son numéro de septembre 2013, annonce qu’il y aurait des « molécules cancérogènes en quantité significative » dans l’aérosol des e-cigarettes : formaldéhyde, acroléine, nickel, chrome, antimoine…

Les moins de l’e-cigarette

  • Faute d’études suffisantes, on ignore encore la dangerosité possible de certains arômes naturels alimentaires portés à haute température ou consommés à certaines doses, car ils sont normalement destinés à l’alimentation et non à être transformés en « fumée ». Une étude a démontré qu’une forte concentration d’un e-liquide parfumé au café avait une toxicité significative sur la viabilité des cellules du corps humain.
  • Le propylène glycol est considéré comme peu toxique, non cancérogène, non toxique pour la reproduction (il est utilisé dans l’alimentation et dans les médicaments), mais inhalé à long terme, il est suspecté d’être toxique.
  • La glycérine végétale (glycérol) est peu toxique, non cancérogène, non toxique pour la reproduction et ne fait pas l’objet de réglementation spécifique en France, mais elle est irritante pour la peau, les yeux et les voies respiratoires. Cependant, comme pour le propylène glycol, les effets de son inhalation à long terme ne sont pas connus.
  • Comme la cigarette, l’e-cigarette peut provoquer une irritation, un dessèchement de la gorge ou une toux provoquée par la nicotine.

Les plus de l’e-cigarette

  • Provenant d’une e-cigarette de bonne qualité, l’aérosol contient beaucoup moins de substances délétères pour la santé que la fumée du tabac. En particulier, il ne contiendrait ni particules solides, ni goudron, ni monoxyde de carbone (CO).
  • Les produits libérés par l’e-cigarette seraient potentiellement moins irritants et toxiques que ceux du tabac.
  • Chez le fumeur dépendant au tabac, le remplacement du tabac par l’e-cigarette devrait en théorie contribuer à une réduction des risques et des dommages, puisque les cancérogènes, le monoxyde de carbone et les particules fines, responsables de la majorité des pathologies des fumeurs, n’existent pas à des taux significatifs dans l’aérosol des e-cigarettes.
  • Moins de tabagisme passif : les risques liés aux gouttelettes émises par l’e-cigarette dans l’environnement sont théoriquement plus de 100 fois moins élevés que ceux de l’exposition à la fumée de tabac. De plus, même si elle est responsable d’un passage de nicotine voisin de celui observé dans le cas d’un tabagisme passif et même si elle est associée à des phénomènes d’irritations des bronches, on ne peut atteindre des niveaux réputés toxiques dans une pièce où est utilisée l’e-cigarette, même dans les conditions les plus extrêmes.
  • Le prix des kits d’e-cigarette commence à 40 euros. Les recharges d’e-liquide sont au prix de 6 euros pour 10 ml environ, ce qui correspond au « vapotage » de l’équivalent de près de 3 paquets de cigarettes conventionnelles à 6,60 euros. L’atomiseur doit être changé chaque mois pour un prix de l’ordre de 10 euros. L’e-cigarette apparaît donc moins onéreuse que la cigarette.
Bon à savoir
En conclusion, l’e-cigarette semble intéressante pour les fumeurs souhaitant diminuer ou arrêter progressivement leur dépendance à la nicotine puisque le monoxyde de carbone et les particules fines, responsables de nombreuses pathologies chez les fumeurs, n’existent pas à des taux significatifs dans l’aérosol des e-cigarettes. D’ailleurs, plus de 60 % des utilisateurs déclarent utiliser l’e-cigarette pour réduire ou arrêter de fumer.
En revanche, l’e-cigarette n’est pas recommandée aux non-fumeurs, ni aux mineurs, et il est préférable d’éviter de l’utiliser plus de 6 mois car les données pour une utilisation à long terme ne sont pas encore disponibles.
Elle est également déconseillée aux femmes enceintes et allaitantes car il n’existe pas de données démontrant leur efficacité ni leur totale innocuité dans ces conditions.
Sources :
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