La sédentarité au travail : un fléau à combattre au quotidien

Pr François Carré
Cardiologue et médecin du sport au CHU de Rennes. Membre du conseil scientifique de l’observatoire de l’activité physique et de la sédentarité (ONAPS)
12 décembre 2022

La sédentarité, un vrai risque pour la santé

Le mot sédentarité vient du latin sedere qui signifie être assis. On sait aujourd’hui que la sédentarité est un facteur de risque, indépendant de l’inactivité physique, de développer des maladies chroniques (diabète de type 2, obésité, cardiovasculaires, cancers…). La position assise prolongée (> 7h/j) occasionne une augmentation durable de la pression artérielle et de la glycémie qui altèrent à la longue la qualité des vaisseaux. Le risque de développer une maladie chronique comme les cancers augmente dès 3 heures de sédentarité par jour. Il faut en prendre conscience.
Près de 45 % des Français dépassent 7 heures de sédentarité par jour, chiffre qui ne fait qu’augmenter. La sédentarité est à distinguer de l’inactivité physique, car on peut être actif, voire sportif, et sédentaire ! Ainsi, pour compenser les méfaits d’un temps de sédentarité de 8h/j, il faut réaliser plus de 2 heures d’activité physique dans la journée. Les positions assises sans interruption sont particulièrement délétères.

Comment être moins sédentaire au travail

Dès que possible, il est important de casser les temps de sédentarité : se lever au moins toutes les deux heures. Se dégourdir les jambes 2 à 3 minutes, aller boire un verre d’eau, saluer un collègue… tous les moyens sont bénéfiques. N’hésitez pas aussi à innover : faire des réunions debout, téléphoner/travailler en marchant, restez debout en salle de pause…
Se lever permet de faire un « reset » au niveau du cerveau pour pouvoir ensuite se reconcentrer. En effet, sachez que notre esprit ne peut pas être pleinement efficace pendant plus de 4 heures d’affilée. Utiliser un pédalier placé sous son bureau (moins cher et moins encombrant que les bureaux avec vélo ou tapis roulant) permet de bouger tout en travaillant et c’est efficace, à l’inverse des bureaux à positions assis-debout. Chacun y gagne en efficacité et en productivité. Cela permet aussi une diminution de l’absentéisme et une amélioration de l’ambiance dans les équipes.
Le plus souvent, les personnes très sédentaires au travail le sont aussi chez elles. C’est pourquoi il est bon d’organiser sa vie pour limiter au maximum sa sédentarité : rester debout dans les transports, se garer plus loin pour marcher davantage, ne pas s’écrouler dans le canapé après le travail… car détrompez-vous, être assis ne nous repose pas !

Garder les mêmes habitudes en télétravail

Se préparer à travailler, s’aérer le matin, faire une vraie pause le midi, sortir, aller marcher… il est primordial de garder ces bonnes habitudes. Certains travaillent plus de 12 heures en télétravail et bougent encore moins ! Or plus on est assis, plus on perd l’habitude de se lever et plus on a le réflexe de s’asseoir à la moindre occasion. Sans parler du risque de surpoids favorisé par le grignotage souvent associé, qui n’arrange rien.
Heureusement, il n’y a pas de fatalité et il est possible d’agir à tout âge contre la sédentarité pour prendre soin de sa santé. Il faut toujours limiter son temps journalier de sédentarité et continuer à se lever au moins toutes les deux heures.
Notre santé dépend avant tout de nous.

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